Tuesday, July 24, 2007

Requiem pour un con

Je viens de regarder une émission passionnante sur les gros mots. Je pensais en connaître un rayon sur ce sujet-là pourtant mais ce fut très intéressant. La langue française est extrêmement riche en gros mots et autres insultes ou jurons en tout genre, contrairement à l'anglais par exemple. Scatologiques, politiques, phallocrates, blasphématoire, racistes, homophobes, sexuelles, souvent très dépréciatives, les injures volent et se lancent à la figure. Le gros mot fracasse les conventions sociales, rend le langage vivant, libérateur. Ce langage fleuri, en d'autres termes plus châtiers, est à la base de notre langue et est utilisé depuis des siècles que ce soit dans le langage courant, ou en littérature, dans les arts, dans la philosophie etc... Quand Socrate a bu la cigüe ça voulait tout simplement dire de manière très polie " je vous emmerde". Et que dire des Cyniques et de Diogène ? Dard a fait du juron une arme redoutable et délectable.

Forcément dans les gros mots, il y a eu un avant et un après Brassens. Ce type pouvait te balancer un gros mot et un subjonctif dans la même phrase, ce qui avait le don d'enrober un peu le tout, comme un joli papier rose autour d'un savoureux bombon, le tout dans le seul but de choquer du bourgeois. Un gros mot, ou un mot d'argot dans une phrase à la syntaxe élégante produit un effet des plus délectables. La rime "quand je pense à Fernande je bande" a traversé les générations sans perdre de son piquant. La chanson "Le temps ne fait rien à l'affaire" est presque devenu une proverbe : quand on est con on est con.
Coluche aussi, qui a popularisé "enfoiré" jusqu'à en faire un nom commun, il l'a "dégromotisé" si vous me passez l'expression.

Un digne héritier de cet art-là pourrait être Alexandre Astier, le père de Kaamelott. Les dialogues sont soignés, justes, tranchants, incisifs. Un savant mélange d'argot et de syntaxes raffinées, une répartie à toute épreuve. Que du bonheur.

Dans le sud méridional, "connard" est une ponctuation, et "putain" se dit au bas mot 30 fois par jour ! Qui ne dit pas "pauvre con" ou "sale con" quand un type lui fait une queue de poisson en voiture ? Ça s'est carrément démocratisé, popularisé. Même les femmes disent beaucoup plus de gros mots qu'il y a 20 ans ou 30 ans. On entend même des femmes dire " je t'encule salope" ou "tu me casses les couilles" !

Il ne faut pas pour autant en abuser. Le gros mot doit être utilisé à sa juste valeur, avec un juste ton et avec parcimonie, sinon il perd tout son sens, toute sa force. Insulter quelqu'un de "connard" aujourd'hui ne veut presque plus rien dire, alors qu'au Moyen-Age, quand on insultait quelqu'un en le traitant de "bougre", ça se concluait inévitablement par un duel. Rien que moi au boulot, je balance du connard à tout bout de champ. Ça en devient carrément une ponctuation, un réflexe. Même, pour certaines personnes que je traite assez régulièrement de connard, d'ailleurs si tu passes par là ... Bref c'est très affectueux connard dans ce cas-là, tout dépend du ton qu'on y met. N me traite bien de sale pute ! Hein mon poulet, alors que tu m'aimes bien en vrai ! Ma comparse de fac je l'appelle Morue, et il n'y a pas plus affectueux.

Le gros mot transcende le langage.

1 Comments:

Blogger n said...

Mais bien sûr que je t'aime.
Voyons!
Chez certain hommes,c'est juste un signe de pudeur.Tu insultes une amie de Cochonne(ou de sale pute,mais t'abuses pas nan plus pour pas rompre le charme)parce que tu n'arrives pas à lui montrer ta sympathie autrement.
Bref,un dérivatif très souvent utilisé qui fera néanmoins mieux apprécier les moments où l'on ose être juste...sincère.

6:43 PM  

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