Thursday, August 30, 2007

Mind the gap

Ça y est c'est une certitude, je deviens de plus en plus acariâtre et associale à force d'être ici. Je ne supporte plus rien et plus personne déjà que je ne suis pas d'une grande tolérance et d'une grande patience habituellement, là je crois bien battre des records. Affligent ! Mais comme dirais l'autre : si tout le monde était comme moi je serais plus tolérante. Mettons ça sur le compte de la fatigue, de la solitude, de l'ennui féroce qui me ronge et de tous ces épisodes de Six Feet Under. J'en suis presque venue à me rabattre sur un quelconque questionnaire moisi pour passer le temps et combler un peu aussi ce blog désert, quand je suis passée chez Jouch et ai pu constater qu'il m'avait éhontément coupé l'herbe sous le pied, et je l'en remercie grandement d'ailleurs. Mais le jour viendra ...

Donc voilà, j'attends tous les jours ma sortie quotidienne ( toi au fond qui a dit "pléonasme" : tu sors ! ) chez le kiné, un peu comme un bovin attend pour l'abattoir. J'exagère à peine, vraiment. J'ai pas l'habitude de me plaindre ( bon si, un peu, peut-être ... ) mais il y a des jours comme ce matin où c'est difficilement supportable. Ce matin j'en ai chialé, de douleur d'abord, et de rage ensuite. Et ce ne sont pas ces cauchemars qui m'aident. J'ai sans arrêt des images de l'accident qui me reviennent. Je n'ose même pas imaginer comment ça serait si ça avait été plus grave ! Au début bizarrement, juste après, quand j'étais à l'hopital je n'y pensais même pas. Je ne faisais pas de cauchemars, je pensais vraiment avoir dépassé ça, que ça n'avait pas d'importance. Peut être était-ce à cause des médocs, ou que je n'avais pas encore réalisé ? Ou est-ce juste parce que j'ai recommencé à conduire depuis moins d'une semaine ? Sans blague, j'ai l'impression de sortir de l'auto-école, j'ai perdu toute confiance en moi alors que ça fait plus de 3 ans que je conduis, et en général plutot bien d'ailleurs. Il parait que c'est normal. Et pour mon bras, je sais que le temps presse, qu'il faut absolument que je le déplie complètement et naturellement pour pas qu'il reste bloqué. Parfois à force j'y arrive ou presque. Mais bon, il parait que j'ai fait des progrès. Moi je ne trouve pas, et sûrement que la kiné non plus sinon elle ne forcerait pas comme elle l'a fait ce matin ... Bref verdict lundi, je vais pouvoir serrer la main de mon chirurgien pour la visite de contrôle, par contre c'est pas demain la veille que je vais pouvoir reprendre le basket, j'arrive même pas à taper dans un ballon de baudruche ... Et le premier qui me dit que je dois être patiente c'est promis ça va chier !

Tiens, ça fait un mois, pile aujourd'hui.

Wednesday, August 22, 2007

Con ( flit ) d'OEdipe

Quand j'étais petite, comme beaucoup de petites filles j'étais amoureuse de mon papa. Pour moi c'était le plus grand, le plus beau, le plus fort, le plus intelligent, sa seule présence à mes côtés après un énième cauchemar m'apaisait. On n'était jamais bien loin l'un de l'autre. On avait développé une complicité fusionnelle, un lien particulier. Je voulais me marier avec lui. Mais c'était mon papa et il était déjà marié avec ... ma maman. Je crois bien que je la détestais pour ça. J'étais atrocement jalouse. A tel point que j'en venais à détestait tout ce qu'elle faisait, tout ce qu'elle représentait : la femme, la féminité, la mère. Pendant longtemps j'ai rejeté tout ça. Je faisais tout pour me différencier d'elle. Je ne supportais pas qu'on me dise que je lui ressemblais, je ne voulais ressembler qu'à mon père, si bien que je m'étais transformée en garçon manqué. Je portais des jeans troués 2 fois trop grands pour moi. Hors de question de porter quoi que ce soit qui ressemblait à une jupe. J'avais en horreur tout ce qui était maquillage. La simple odeur de démaquillant ou de rouge à lèvre me donnait des nausées. Mais j'ai toujours eu les cheveux très longs, il était hors de question de me les couper. La seule chose qui me différenciait des garçons !Je ne restais pas souvent avec les filles, je préférais jouer au foot avec les garçons. Le seul "passe-temps de fille" que je m'autorisais c'était les Barbies. Parce que c'était mon papa qui me les offrait.

Je m'interdisais même de tomber amoureuse d'un garçon, parce que c'est un truc de fille ça, et que moi je ne voulais pas être une fille. Pourtant il y avait ce garçon, Bastien ... Lui il était amoureux de moi, du CP au CE2. Quand on se mettait en rang avant de rentrer en classe, il venait toujours me donner la main. Il me laissait gagner quand on jouait à trap-trap ou même au foot. Ça c'est des vraies preuves d'amours, quand on a 6 ans ! Mais moi j'étais atroce avec lui ... J'avoue que j'en profitais vachement, je le faisais tourner en bourrique le pauvre garçon, alors que lui il était adorable. Il était terriblement timide en plus. Une fois, pour le feu d'artifice du 14 juillet, on l'avait croisé en ville avec mes parents. Le pauvre s'était mis à pleurer en se cachant derrière sa mère ! Ah j'aimerais bien le revoir, d'ailleurs, pour voir si il se cache encore derrière sa mère ... Après j'ai déménagé et on s'est complètement perdus de vue. Et en CM1, je suis tombé amoureuse d'un voisin ... Mais bon il avait 3 ans de plus que moi, alors notre histoire était impossible, et puis là c'était à mon tour d'être terriblement timide. Et puis faut dire qu'il s'intéressait aux jolies filles du collège, moi j'étais avec mes jeans troués à jouer au foot alors forcément ça le faisait pas.

Bizarrement, pas mal de ces choses sont restées chez moi. Comme le fait que je suis plutôt garçon manqué : je préfère regarder un match de rugby en buvant de la bière avec mon papa plutôt que d'aller chez l'esthéticienne. Mais je me soigne. Je fais plus d'efforts qu'avant. J'ai arrêté les jeans troués trop grands pour moi et les vieux pulls difformes ( enfin presque, j'ai quelques relents parfois ). J'aime bien ma maman maintenant. J'ai arrêté de jouer à la Barbie. Je mets des vêtements de fille, enfin pas trop mais faut pas déconner non plus ! Moi en slims + escarpins c'est pas pour demain la veille. J'ai arrêté de jouer au foot avec les garçons. Par contre je les maltraite toujours un peu ... même si je ne fais pas toujours exprès. Je ne veux plus me marier avec mon papa. Mais par contre si j'arrive à en trouver un aussi bien que lui ...

Monday, August 13, 2007

Onze minutes

Parce que je suis la première et la dernière
Je suis la vénérée et la méprisée
Je suis la prostituée et la sainte
Je suis l'épouse et la vierge
Je suis la mère et la fille
Je suis les bras de ma mère
Je suis la stérile et mes enfants sont innombrables
Je suis la bien mariée et la célibataire
Je suis celle qui donne le jour et celle qui n'a jamais procréé
Je suis la consolation des douleurs de l'enfantement
Je suis l'épouse et l'époux
et c'est mon homme qui m'a créée
Je suis la mère de mon père
Je suis la soeur de mon mari
et il est mon rejeté fils
Respectez-moi toujours
Car je suis la scandaleuse et la magnifique.

Hymne à Isis, IIIè ou IVè siècle ap. J-C, découvert à Nag Hamadi

Sunday, August 12, 2007

Wonder Bras

J'en ai marre de ce bras. Ce n'est même plus un bras, c'est un espèce d'appendice inutile qui pendouille à l'autre bout de mon épaule et qui est enflé, douloureux, ne sert pas à grand chose et ressemble vaguement à un bras droit. Je ne peux presque rien faire avec, je n'arrive toujours pas à le déplier complètement, à le tendre entièrement, je ne peux rien soulever, ce bras est tout mou, encombrant et inutile et ces putains de cachets qui sont supposés m'aider à supporter la douleur ne semble servir à rien, eux non plus et ça me rend "légèrement" irritable. Je sais que ça ne fait que 2 jours que j'ai enlevé l'atèle et que je vais devoir être patiente et travailler dur pour que je puisse bien le bouger, mais je ne suis pas patiente.

Demain je commence la rééduc, j'ai peur d'avoir mal. D'avoir mal encore. J'ai peur de ne pas réussir à récupérer toutes les facultés de mon bras, j'ai peur qu'il reste bloqué et que je ne puisse plus le déplier. Il est enflé, tout le monde trouve ça normal mais moi je trouve ça limite insupportable. Ça me gêne tout le temps, je ne peux rien faire normalement et ça m'énerve, et même quand je fais rien avec ça me gêne quand même et donc je suis énervée.

J'essaie de me dire que je devrais être contente d'être en vie, et relativement en bon état vu l'accident, mais ça ne suffit pas tout le temps comme argument, surtout quand j'ai mal comme maintenant.

Je m'en veux d'avoir mal. Je m'en veux de n'avoir pas réussi à éviter l'accident, ce foutu arbre et ce fossé. Je m'en veux de ne pas réussir à déplier mon bras et à m'en servir normalement. J'en ai marre d'avoir mal. Parfois j'arrive à donner le change, à serrer les dents et à faire comme si tout allait bien, mais là je suis énervée. J'ai peur en voiture maintenant et j'aime pas ça du tout.

Saturday, August 11, 2007

Return from nowhere

Mon bras est "libre" depuis hier bien qu'étant encore tout bloqué, tout mou et tout pourri de coupures diverses. J'ai un peu l'impression d'avoir 2 bras gauches, mais je récupère lentement, et un peu douloureusement certes, la mobilité de ce bras droit. Et puis je vais bientôt commencer les séances de torture euh de rééducation, donc ça ne devrait qu'aller de mieux en mieux. Voilà qui est fait pour le bilan santé +.

Voir l'océan pendant quelques jours m'a bien ressourcée, m'a apaisée, et puis j'ai trouvé le moyen de prendre un coup de soleil sur les cuisses aussi mais c'est que du bonheur. Même si j'ai pas pu me tremper les fesses dans les vagues j'en ai bien pris plein les yeux, je me suis baladée sur la plage et sur la côte, les yeux rivés vers le large avec un air songeur et romantique. J'ai pris des embruns dans le visage, j'ai enterré mes orteils dans le sable, je me suis laissée bercer par le bruits des vagues, j'ai maté les beaux surfeurs blonds et taillés comme des dieux qui s'extirpaient des vagues avec leur planche sous le bras, j'ai fait tout ce qu'il fallait et ça va bien mieux.

Ce soir, direction Cahors pour une fiesta de départ et d'anniversaire. Et oui ma Morue, mon double indissociable, mon inséparable, ma blonde préférée me quitte pour aller draguer des hollandais roux pendant un an. Une année entière sans ma Morue ! Fichtre, ça me brise. Donc on va s'en mettre une bonne petite dernière et puis faudra que je m'organise des aller-retours Albi-Amsterdam aussi ! Ma chatte andalouse, si tu passes par là, je t'aime !

Toutes mes confuses, chers lecteurs et trices, pour ce petit passage très "Skyblog kikoolol mdr ptdr", mais comprenez ma tristesse, que dis-je mon désarroi, et mon égarement en pareille situation. Sinon, pour un post plus intéressant et constructif repassez plus tard.

Friday, August 03, 2007

9 vies moins une

Ou comment faire grimper une voiture jaune dans un arbre ça peut faire mal. Testé scientifiquement.

Bref que je vous narre cet exploit. Lundi, j'ai failli mourir. Un mauvais virage, une voiture en plein milieu, moi je me pousse, je dérape sur les gravillons, un fossé, un arbre et ma bagnole de La Poste toute neuve encastrée dedans. Autant vous dire de suite que j'ai eu la trouille de ma vie, et que c'est faux, on ne voit pas sa vie défiler devant ses yeux. J'ai grillé une de mes neuf vies, et ça fait tout bizarre. Bizarrement en 3 secondes on pense à tous les gens qu'on aime, à tout ce qu'on n'a pas encore fait et qu'on aimerait avoir le temps de faire, le tout en tentant vainement de ne pas se fracasser la tronche sur ce putain d'arbre. Après c'est le trou noir et on se réveille titubante sur la route, juste avant de s'écrouler par terre et de constater que la voiture est belle est bien explosée et que ce machin sanguinolent qui pendouille à droite c'est notre bras droit, ou ce qu'il en reste, et que la courbure qu'il adopte est à la fois très anormale et à peu près autant douloureuse. Je vous passe les détails, genre cris d'horreurs et autres pleurs affolés, normal quand on s'est vu mourir me direz-vous.

Mais bon après un séjour à l'hosto et des trips à la morphine, je me sens heureuse d'être à peu près en vie. Mais en même temps, je ne peux rien faire toute seule, le moindre effort m'épuise, genre j'ai mis 4h à écrire ce post ! C'est chiant de fonctionner avec un seul bras. Essayez de bouffer avec juste la main gauche. C'est pas pour rien si on a 2 bras ! Sans blague. C'est ma soeur qui est obligée de me doucher, de me coiffer, de m'habiller, de me couper ma bouffe ... etc Encore heureux j'arrive à aller pisser toute seule ! J'ai des courbatures partout, des coupures sur les mains, et la morphine me manque. L'anesthésie générale aussi, c'était chouette. Je crois que j'ai aussi battu le records du monde de la tension la plus basse ! Mais après moult cafés, c'est bien remonté, un peu trop peut être ... ?

Bref, je m'énerve d'être aussi inefficace, inutile, de tourner en rond chez moi à rien faire et ne pouvant rien faire, je m'en veux de n'avoir pas réussi à éviter l'accident, je m'en veux d'avoir fait peur à autant de gens, de m'être fait peur, d'avoir aussi mal.

Les points positifs, car il y en a tout de même malgré tout, je suis vivante, il s'en est fallu de peu pour que ça ne soit pas le cas. Si je n'avais pas eu ce réflexe, au dernier moment de tourner le volant, de ne pas prendre l'arbre trop dans ma face, d'enfoncer le coté passager et non le coté conducteur, parce que là j'aurais été en kit ... Et merci l'airbag aussi, sans qui je serais plus moche que le plus attaqué des Scarfaces. Du coup "repos" forcé, je peux partir en vacances avec mes parents : à moi l'océan ! Mais que pour les yeux et les orteils, pas le droit de tremper le bras et cette superbe atèle. Mais c'est mieux que rien. Arrête de râler râleuse, t'es en vie alors estime toi heureuse, tout le monde n'a pas cette chance, surtout après un accident d'une telle violence. T'es retombée sur tes 3 pattes, Couillarde ! Plus que 8 vies ...